mercredi 26 décembre 2012

Loser, de Jason Starr


« Loser » est le troisième roman de Jason Starr. On sent qu’il n’y a pas encore toute la maîtrise de « Mauvais Karma » ou de « La Ville Piège » mais on sent aussi que l’auteur tente quelque chose de plus subtil et moins spectaculaire que ses deux premiers romans. Le risque, c’est que certains lecteurs pourront rester sur leur faim. Il n’y a pas de gros rebondissements, ni de fin inattendue. On suit juste un mec pas très futé qui se croit plus malin que tout la monde, qui n’a pas grande morale et qui va enchaîner les mauvais choix jusqu’à signer sa perte sans même s’en rendre compte. Pour ma part, Jason Starr a encore réussi à totalement m’emporter sans me lâcher pendant ses 300 pages. Et j’y ai encore pris un vrai plaisir. Son écriture est toujours aussi limpide et fluide. Peu d’adjectifs, des phrases minimales, et au final un rendu hyper réaliste. Ce n’est pas le livre que je conseillerais pour découvrir l’auteur mais pour ceux qui aiment déjà, il est à lire sans faute.

Loser (Fake ID), de Jason Starr, traduit de l’anglais (USA) par Frédéric Brument, Ed. Rivages/noir, 280 pages.
  
En bonus, pour s’y retrouver, la liste des ouvrages de Jason Starr par ordre chronologique :

1998 - Cold caller – Simple comme un coup de fil (Ed. Fleuve Noir, 1998)
2000 - Nothing personal – Petits meurtres à Manhattan (Ed. Fleuve Noir, 2001)
2000 - Fake ID – Loser (Ed. Rivages/noir, 2011)
2002 - Hard feelings – Mauvais karma (Ed. du Rocher, 2004 ; Ed. Rivages/noir, 2005)
2003 - Tough luck – pas traduit
2004 - Twisted city – La Ville piège (Ed. du Rocher, 2005 ; Ed. Rivages/noir, 2008)
2006 - Lights out – Frères de Brooklyn (Ed. du Rocher, 2007 ; Ed. Rivages/noir, 2009)
2007 - The Follower – Harcelée (Ed. du Rocher, 2008 ; Ed. Rivages/noir, 2012)
2009 - Panick attack – Crise de panique (Ed. Outside, 2011)
2011 - The Pack – pas traduit
2012 - The Craving – pas traduit

Avec Ken Bruen :
2006 - Bust – Sombres desseins (Ed. Seuil, 2008)
2007 - Slide – pas traduit
2008 - The Max – pas traduit


De bons voisins, de Ryan David Jahn


« De bons voisins » est tiré d’un fait divers célèbre aux Etats-Unis, l’assassinat de Kitty Genovese en 1964. La jeune femme fut agressée à deux reprises puis finalement assassinée dans la rue près de chez elle. Malgré la durée de l’agression aucun des voisins ne prit la peine d’intervenir ou d’appeler la police, chacun pensant que quelqu’un d’autre s’en occuperait. Une règle a été tiré de ce cas d’école : plus les témoins sont nombreux moins il y a de chance qu’ils agissent.
Ryan David Jahn donne donc son interprétation de cette nuit particulière en imaginant les vies des voisins passifs. Des vies pour la plupart moroses, pleines d’angoisses et de désillusions. Tous ces fragments mis bout à bout aurait pu relever de l’anecdotique mais Ryan David Jahn fait preuve d’un beau style d’écriture qui nous projette sans peine dans chacune des vies tout en distillant un redoutable suspense. J’ai pensé à Echenoz ou Jauffret dans certains passages, mais saupoudré d’une indéniable efficacité américaine.

De bons voisins (Acts of violence), de Ryan David Jahn, traduit de l’anglais (USA) par Simon Baril, Ed. Actes Sud, 270 pages

mardi 25 décembre 2012

La fin de l’innocence, de Megan Abbott

Pas très emballé par ce livre de Megan Abbott. L’ambiance du début était pourtant prometteuse malgré un point de départ on ne peut plus classique (la disparition d’une jeune fille, les émois d’une petite ville, la douleur de la famille, les conséquence au collège…). L’auteur parvient bien à nous plonger dans la tête d’une fille de 13 ans, la meilleure amie de la disparue. Malheureusement, une fois le décor planté, l’intrigue traîne péniblement en longueur et je me suis vite ennuyé. On pourra me rétorquer que ce n’est pas un thriller, mais dans ce cas je trouve que l’écriture n’est pas suffisamment à la hauteur. Laura Kasischke par exemple s’en sort beaucoup mieux sur le thème des troubles de l'adolescence.

La fin de l’innocence (The end of everything), de Megan Abbott, traduit de l’anglais (USA) par Isabelle Maillet, Ed. JC Lattès

Ciseaux, de Stéphane Michaka


Stéphane Michaka est l’auteur d’un polar, la Fille de Carnegie, qu’il avait adapté d’une de ses pièces de théâtre. On le retrouve cette fois avec un roman qui s’attarde sur Raymond Carver et plus particulièrement des relations très particulières qu’il entretenait avec son éditeur.
Ciseaux, c’est le surnom que l’on prête dans la profession à Gordon Lish, éditeur d’une revue littéraire de bonne renommée. Peu d’auteurs trouvent grâce à ses yeux, mais lorsqu’il reçoit le premier manuscrit d’un certain Raymond Carver, il lui reconnaît du talent… ce qui ne l’empêche pas de couper et de réécrire les trois quarts du texte. Il fera de même avec toutes les nouvelles suivantes. En face, on observe un Carver tiraillé entre l’envie d’être publié et l’humiliation de ne pas voir son travail accepter tel quel. Michaka parvient très bien à nous balader d’un côté à un autre, avec un Lish, brutal certes, mais qui semble révéler Carver à lui-même et face à lui un écrivain en proie au doute, qui n’a jamais voulu être minimaliste, et qui questionne à la fois son talent, son intégrité et son envie de reconnaissance.  
Le récit est vif et passionant. Je regrette juste qu’à trois reprises Michaka intègre des nouvelles supposément écrites par Carver. Elles sont censées refléter l’état d’esprit de Carver à certains points charnière de sa vie, mais le changement de rythme et de style a plus perturbé ma lecture qu’autre chose.
  
Ciseaux, de Stéphane Michaka, Ed. Fayard, 270 pages

vendredi 21 décembre 2012

L’Assassin qui est en moi, de Jim Thompson


Après « L’Echappée », voilà la deuxième retraduction de Jim Thompson chez Rivages. Et c’est du lourd ! « The Killer inside me », un très grand roman, le meilleur que j’ai eu l’occasion de lire de Thompson.

Lou est adjoint du shérif de la petite ville de Central City, Texas. C’est un mec gentil. Gentil-gentil, voire un peu couillon. Il a la mauvaise habitude d’abuser des formules toutes faites et d’énoncer des lapalissades exaspérantes, mais les gens ne lui en veulent pas trop. C’est un brave gars.

Voilà pour les apparences.

En fait, Lou est complètement barge. Très intelligent, sans aucune empathie pour les êtres humains, avec un certain penchant pour le sexe violent et pour l’assassinat des femmes. Lou Ford, c’est un peu Patrick Bateman dans les années 50.

Thompson fait preuve d’une finesse incroyable dans l’exploration de la tête de ce taré. Ce qu’il nous donne à voir, en utilisant Lou comme narrateur, est aussi fascinant que dérangeant. J’aime aussi l’audace dans la construction du récit. Thompson joue avec nos nerfs, jongle habilement avec les retours en arrière, instaure du suspense, nous lâche quelques indices avant de nous dévoiler les stratagèmes toujours bien vicieux de Lou. Jusqu’à une fin désespérée et brutale qui agit comme un électrochoc. C’est vraiment brillant. Enfin, quand on sait que des chapitres entiers avaient été supprimés de la précédente traduction en Série Noire, on ne peut que saluer l’initiative de retraduction de Rivages.

L’Assassin qui est en moi (The Killer inside me), de Jim Thompson, traduit de l’anglais (USA) par Jean-Paul Gratias, Ed. Rivages/noir, 270 pages

mardi 18 décembre 2012

Nous avons toujours vécu au château, de Shirley Jackson


Encore un livre bénéficiant d’une traduction révisée chez Rivages. Et quel livre ! Une véritable merveille.

Dans le château du titre vivent deux jeunes filles, Mary Catherine et sa sœur Constance, ainsi que leur oncle handicapé. Ils ne sont plus que trois depuis que tous les autres membres de la famille sont morts,  empoisonnés au cours d’un macabre repas dont on ne sait que peu de choses. Trois donc, cloîtrés, renfermés sur eux-mêmes, entretenant leur folie et leur paranoïa face à des villageois des terres voisines qui démontrent une légère tendance au harcèlement.

Dès les premières lignes, Shirley Jackson nous emporte dans une atmosphère singulière et angoissante. Singulière parce que l’on baigne constamment dans les vapeurs oniriques d’un lieu qui tient autant du « Tour d’écrou » que de « Shining ». Mais aussi parce que l’on nous installe dans la tête d’une jeune fille étrange, perpétuellement effrayée, qui ne trouve réconfort que par le biais de quelques rituels superstitieux censés la protéger. Sans oublier l'animosité des villageois ou encore l’amour dérangeant, passionné, protecteur et sacrificiel, que se vouent les deux soeurs. Tous ces éléments confèrent au récit une force incroyable et en font un conte noir, gothique et poétique, à lire absolument.  

« Nous avons toujours vécu au château » (We have always lived in the castle), traduit de l’anglais (USA) par le formidable Jean-Paul Gratias, Ed. Rivages/noir, 240 pages

dimanche 16 décembre 2012

L’Echappée, de Jim Thompson


Les éditions Rivages s’engagent dans une retraduction des œuvres de Jim Thompson. On salue l’opération ne serait-ce que parce qu'elle permet de mettre un coup de projecteur sur des titres parfois oubliés. Or, cette « Echappée » mérite qu’on la découvre à tout prix. C’est vraiment du grand Thompson, noir et très brutal ! A partir d’un braquage qui tourne mal, un couple à la Bonnie and Clyde se retrouve en cavale avec les flics à ses trousses. Au-delà d’une trépidante course poursuite en voiture, train, bateau… c’est la relation entre les deux truands, Doc et Carol, qui passionne. Parce qu’il passe sans prévenir de ses manières de gentleman à des actes barbares, Doc est vraiment flippant. Quant à Carole, sa paranoïa et sa peur envers son compagnon qui enfle au fur et à mesure du récit nous prend aux tripes (deux scènes notamment sont incroyables, l’une dans une grotte, l’autre dans une gare). Et il y a cette dernière partie qui semble sortir de nulle part, hallucinante, presque fantastique, qui clôt le roman d’une façon que l’on n’aurait jamais imaginée. Très recommandé.  

L’Echappée (The getaway), de Jim Thompson – traduit de l’anglais (USA) par Pierre Bondil, Ed. Rivages/noir, 240 pages

Birdman, de Mo Hayder


Il y a quelques années, j'avais lu « Tokyo » de Mo Hayder. Et contrairement à beaucoup de personnes, j'avais trouvé ça nul. Pas revanchard pour un sou, je me suis lancé dans son premier roman, « Birdman ». Et là, oh joie, j'ai plutôt aimé ! On est pourtant dans quelque chose d'assez classique, très proche du « Silence des agneaux », avec un flic enquêtant sur un tueur en série qui tue des femmes et les abandonne avec un oiseau cousu dans leur cage thoracique. Mais au-delà de l’histoire, c’est le savoir faire de Mo Hayder qui nous accroche (pas mal pour un premier roman). Des changements de point de vue et des flash back prenants, un rythme pas effréné mais qui s’impose sans peine, un penchant pour l’horreur qui secoue vraiment, et surtout des ressorts narratifs qui tentent de s’écarter de ceux trop classiques du thriller. Voilà, ce n’est pas inoubliable, mais c’est bien ficelé et surtout on sent une vraie plume avec un certain caractère. Malheureusement, je n’ai pas l’impression que Mo Hayder ait finalement confirmé ce qu’on sentait d'intéressant chez elle par la suite.         

Birdman, de Mo Hayder – Ed. Presses de la Cité et Pocket, 200 pages

mardi 11 décembre 2012

Le Diable, tout le temps, de Donald Ray Pollock


Je reviens brièvement sur « Le Diable, tout le temps » que j'ai lu en début d'année et qui reste une de mes meilleures lectures 2012. Je viens d’apprendre qu’il a reçu le titre de meilleur roman de l’année par le magazine Lire. Lire, ça vaut ce que ça vaut mais comme le livre n’a pas rencontré un très grand succès en librairie, un prix grand public tel que celui-ci ne peut pas vraiment faire de mal. Après le Grand Prix de littérature policière qu’il a déjà obtenu, c’est un doublé complémentaire (même si c’est légèrement hardos comme contenu. Y’a des chances que la ménagère de moins de 50 ans en ressorte la tête un peu fracassée).
En quelques mots, rappelons que ce bouquin mélange l’ambiance poisseuse et grotesque du film « Massacre à la tronçonneuse » à celle des romans d’Harry Crews ou de Faulkner. Qu’on y suit entre autres personnages totalement allumés et tordus un prédicateur gravement illuminé, un tueur en série qui se prend pour Helmut Newton, un gamin légèrement traumatisé pour avoir été forcé par son père à prier nuit et jour non stop au milieu d’immondices pour soigner sa mère malade… Un roman choral  fascinant et désespéré, qui prend aux tripes.  

Le Diable, tout le temps (The Devil All the Time) de Donald Ray Pollock, traduit de l'anglais (USA) par Christophe Mercier, Ed. Albin Michel, 370 pages

Viviane Elizabeth Fauville, de Julia Deck

Viviane Elizabeth Fauville. Age : 42 ans. Situation familiale : un bébé de 12 semaines, un mari passé à l'état d'ex depuis peu. Particularité : femme au bord (voire un peu plus) de la crise de nerf, vient de tuer son psy.

« Viviane Elizabeth Fauville » est un polar, ou plutôt un vrai-faux polar. Parce que vu qu’on est chez Minuit, forcément, il faut s’attendre à du second degré, à un jeu sur le genre comme a pu par exemple le faire Echenoz par le passé. On suit ce récit d'une femme qui cherche à s'extirper des griffes de flics un peu trop soupçonneux avec un vrai plaisir, toujours un sourire au coin des lèvres grâce à un humour délicieusement pince sans rire. Plus que par l’intrigue, c’est par le style que Julia Deck nous tient. Au-delà de 200 pages, on aurait peut-être décroché, mais là le dosage est parfait. Un premier roman assez réjouissant.

Viviane Elizabeth Fauville, de Julia Deck, Ed. Minuit, 160 pages

mercredi 5 décembre 2012

Lettres de Carthage, de Bill James

Dans la banlieue plutôt chic et tranquille de Tabbet Drive en Angleterre, un couple fait l'admiration de ses voisins. Denis et Jill Seagrave, époux modèles... en apparence. Car derrière la pelouse bien tondue et les haies fraîchement taillées se cachent quelques secrets pas jolis jolis.
"Lettres de Carthage" rappelle un peu "Les Apparences" de Gillian Flynn. Là aussi l'image idyllique du couple est sérieusement amochée. C'est retors, pervers, bourré d'hypocrisie et de méchanceté. La grande différence réside dans le choix de Bill James pour le récit épistolaire. La forme est donc originale et permet quelques astuces originales.
Malgré tout cela je n'ai pas été très emballé par le livre. Principalement à cause du ton de l'héroïne principale. J'ai bien compris ce qu'il y avait de volontaire de la part de Bill James dans ce ton, il l'écrit lui-même d'ailleurs vers la fin : "lettres qui comportent de longues et ennuyeuses digressions...", "style plutôt empathique (! et italique), assorti de maintes répétitions et clichés". Mais du coup, cet exercice de style que je n'ai pas particulièrement trouvé brillant, m'a aussi empêché d'apprécier l'histoire. Dommage.

Lettres de Cathage, de Bill James, traduit de l'anglais par Fabienne Duvigneau, Ed. Rivages, 210 pages

lundi 26 novembre 2012

Le temps du rêve, de Norman Spinrad


Dans un futur proche, une nouvelle machine fait fureur. Mieux que la télévision, le Dreammaster se connecte directement à votre crâne pour vous immerger dans les scénarios de vos rêves les plus fous. Le Dreammaster gomme vos angoisses, vous câline le cerveau. Avec lui, vous ressentez le frisson de l’aventure sans encourir de risques. Avec lui, vous pouvez dormir en paix. Confortablement. Aussi longtemps que vous le désirez.
Pour nous décrire ce nouvel opium du peuple, Norman Spinrad nous colle la fameuse machine sur notre propre cerveau en optant pour un récit à la seconde personne. S’enchaînent alors une multitude de flashs surréalistes et de scènes fantasmagoriques dans un flux ininterrompu. Le parti pris littéraire est tranché. Du coup, on accroche ou pas. Personnellement j’ai dévoré le livre. On est quelque part entre Philip K. Dick pour les thèmes abordés (on pense évidemment à Total Recall) et à William S. Burroughs pour le style façon cut-up. D’ailleurs, même si j’ai beaucoup aimé le livre, j’émettrais une critique, ou plutôt un regret : j’aurais aimé que Spinrad soit encore plus radical sur la forme. Happé comme je l’étais par le récit, j’étais prêt à accepter une logorrhée psychédélique interminable, un verbiage hypnotisant sans fin, à la Burroughs ou à la Guyotat.
Une fois cette remarque faite, « Le temps du rêve » reste un excellent livre. J’ai particulièrement aimé la structure du récit. On passe progressivement de rêves « tout public » à des scénarios « interdit aux moins de 12 ans » puis un peu « olé olé » (la pornographie étant interdite). Vient ensuite la meilleure partie du livre, avec des virus qui affectent le Dreammaster et créent des interférences cauchemardesques au sein de rêves angéliques. Et enfin l’apparition d’un module antivirus qui vient rétablir la douce berceuse.
Comme il le faisait déjà avec ses livres précédents, « Jack Baron et l’éternité » en tête, Spinrad met en garde contre le contrôle des masses, la société du spectacle, les médias et l’uniformisation de la pensée. Il le fait cette fois sous une forme plus expérimentale qu’à l’ordinaire et j’espère qu’il ira encore plus loin la prochaine fois. 

Le Temps du Rêve, de Norman Spinrad, traduit de l'angalis (USA) par Sylvie Denis et Roland C. Wagner, Ed. Fayard, 220 pages

lundi 19 novembre 2012

Le Carcan, de Bill Pronzini


Je suis tombé sur le nom de Bill Pronzini grâce à la revue 813. Je ne connaissais pas du tout cet auteur américain qui a fait les belles heures de la Série Noire dans les années 70 et 80 mais dont les traductions françaises ont brutalement cessé au début des années 90. Dommage, d’autant que l’auteur continue aujourd’hui encore à sortir des livres aux USA (une bonne cinquantaine au compteur). Une trentaine de ses livres s’inscrit dans une série, initiée en 1971, qui met en scène le détective sans nom « Nameless ». Ecrit en 1988, « Le Carcan » en fait partie.
Le point de départ du roman est aussi simple que machiavélique : Nameless est enlevé par un inconnu, enchaîné dans un chalet isolé et laissé à l’abandon, sans explication, avec juste un peu de nourriture pour tenir 13 semaines environ. Une grande partie de l’histoire se déroule donc en huis clos avec un Nameless cherchant à comprendre pourquoi il se trouve dans cette situation tout en tentant de trouver un moyen de s’évader. Le récit est vraiment bien construit, extrêmement prenant sans jouer pour autant sur de multiples rebondissements. J’ai beaucoup aimé l’écriture de Pronzini et son héros est très attachant. Voilà qui me laisse penser que j’y reviendrai. J’ai déjà noté quelques titres qui s’annoncent prometteurs.

Le Carcan, de Bill Pronzini, traduit de l’anglais (USA) par Noël Chassériau, Ed. Galimard Série Noire, 270 pages

dimanche 18 novembre 2012

Le Tableau du maître flamand, d'Arturo Pérez-Reverte


« Le Tableau du maître flamand » a rencontré un succès international depuis sa parution en 1990. Je ne m’y étais jamais frotté. C’est désormais chose faite. Résultat : un roman policier plutôt plaisant, mais dont je ne garderai pas non plus un souvenir impérissable. Le suspense de ce roman à énigme se construit essentiellement autour d’une partie d’échecs (représentée sur un tableau vieux de deux siècles) qu’un tueur décide de poursuivre à distance avec une certaine Julia, restauratrice de tableaux. L’héroïne découvre alors que chaque pièce qui se fait prendre sur l’échiquier provoque fatalement la mort d’une personne. C’est astucieux mais finalement pas assez accrocheur pour aller jusqu’à me tenir en haleine toute une nuit durant.
     
Le Tableau du maître flamand, d’Arturo Pérez-Reverte (traduit de l'espagnol par Jean-Pierre Quijano), Ed. J.-C. Lattès et Le livre de poche, 300 pages

mercredi 7 novembre 2012

Un froid d'enfer, de Joe. R. Lansdale

Vu le titre de ce blog, vous deviez vous en douter : je suis un grand fan de Joe R. Lansdale. "Les Marécages", "Juillet de sang", la géniale série des Hap Collins et Leonard Pine... C'est donc avec une pointe de déception que je referme ce "Un froid d'enfer" qui ne m'a pas vraiment emballé. L'histoire commençait pourtant très bien. Bill vit avec sa mère... enfin, le cadavre pourrissant de sa mère "en partie mélangé au matelas". Mais plus de mère = plus de chèques de pension = plus d'argent. D'où l'idée absolument géniale de braquer le vendeur de feux d'artifice situé juste de l'autre côté de la rue... Evidemment, le braquage tourne mal et, pour échapper à la police, Bill décide de se cacher dans la forêt. Jusque là, le roman est parfait, à la fois drôle, glauque et punchy. Puis l'ambiance change lorsque Bill tombe sur un cirque itinérant qui abrite toute sorte de freaks avec qui il va désormais partager sa vie.
Voilà, c'est à partir de là que mon intérêt s'est étiolé. Pourtant Lansdale sait raconter des histoires et a toujours quelques dialogues haut en couleur qui ne peuvent que nous arracher un sourire. Mais malgré cela je suis resté extérieur au récit, peu séduit par l'univers trop étrange de cette foire aux monstres. Déçu donc, mais tout de même pas au point de changer le titre du blog.    

Un froid d'enfer, de Joe R. Lansdale, (freezer burn) traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Joe Sandri, Ed. Murder Inc. et Folio policier, 230 pages.      

vendredi 2 novembre 2012

La Vérité sur l'affaire Harry Quebert, de Joël Dicker

C'est le livre dont tout le monde parle en ce moment et on se demande un peu pourquoi. Certes, en tant que petit roman policier distrayant, "Harry Quebert" remplit à peu près sa part du contrat. Disons que ce n'est pas pire que la grande majorité des thrillers qui sortent chaque mois (mis à part néanmoins que 650 pages pour une intrigue pas bien originale, c'est vraiment, vraiment trop long). Par contre, parler de construction géniale, louer une réflexion pointue sur la société moderne et la littérature (en gros parce que le protagoniste est écrivain et qu'on nous sert de la mise en abyme au kilo), dire que l'on tourne les pages frénétiquement... me parait assez incompréhensible. Quant au Grand Prix de l'Académie Française... j'en reste sans voix. Une nouvelle hallucination collective.

La Vérité sur l'affaire Harry Quebert, de Joël Dicker, Ed. de Fallois/L'Age d'Homme, 650 pages. 

jeudi 25 octobre 2012

Sacrifices, de Pierre Lemaitre


Troisième volet mettant en scène le commissaire Verhoeven, Sacrifices reprend la méthode Pierre Lemaitre : une écriture formidable au style vif, sans fioritures, et une intrigue haletante, mêlant psychologie et action, qui n’est jamais ce qu’elle paraît être.
Les trente premières pages sont les plus belles du livre. Une femme surprend des braqueurs dans une bijouterie. Le hold-up tourne mal. La femme se fait littéralement démolir le portrait. La victime en question se trouve être la nouvelle compagne de Verhoeven et lorsque l’on connaît le passé du commissaire on comprend que la scène est poignante. Ces quelques pages sont un condensé des obsessions qui parcourent l’œuvre de Lemaitre : pessimisme, amertume, écœurement devant le mal, relations entre douleurs physiques et psychologiques. Ces pages sont réellement déchirantes.
Le reste est sans doute plus classique – Verhoeven plus désespéré que jamais s’engage dans une vendetta - mais pas moins accrocheur. Un conseil quand même : à ceux qui découvriraient Pierre Lemaitre, lisez impérativement cette saga dans l’ordre de parution, à savoir : Travail soigné, Alex et enfin Sacrifices.

Sacrifices, de Pierre Lemaitre, Ed. Albin Michel, 362 pages

Munitions, de Ken Bruen


Avec ce septième épisode de la série Robert & Brant, l’Irlandais Ken Bruen poursuit son hommage au 87e district. C’est d’ailleurs sur un Brant désemparé par la mort d’Ed Mc Bain que s’ouvre le récit. La suite est comme d’habitude un instantané vif, drôle, brutal et méchant dans la vie d’un commissariat de Londres qui, d’épisode en épisode, semble prendre une tournure toujours plus pourrie (la méthode Brant fait des émules). Un de ces petits plaisirs qui ne se refuse pas.

Munitions, de Ken Bruen, Ed. Gallimard, Série Noire, traduit de l’anglais par Daniel Lemoine, 240 pages

lundi 15 octobre 2012

La Désobéissance, d’Alberto Moravia


Un livre fascinant d’Alberto Moravia (« Le Mépris », « L’Ennui »), psychologique autant que politique, écrit en 1948. L’histoire d’un jeune garçon qui se rebelle contre le monde bourgeois dans lequel il est élevé et qui va, petit à petit, au fil d’expériences, s’en détacher. Première étape : s’empêcher d’apprendre. Dormir au lieu d’ouvrir ses livres de classe. Puis se défaire de tous ses biens matériels en les donnant, sans contrepartie. Même, et avant tout, les objets qui lui sont le plus cher. Jeter son argent. Puis cesser progressivement de se nourrir. Diviser les portions quotidiennes par deux. Puis par trois. Après chacune de ces actions, le jeune garçon en analyse les effets, les émotions qui les accompagnent, tout en sachant dès le début vers quoi aboutira inexorablement cette ascèse. Mais c’est justement parce qu’il touchera la mort de près qu’il pourra alors renaître.

La Désobéissance, d’Alberto Moravia, traduit de l’italien par Michel Arnaud, Ed. Denoël (en poche aux Ed. Folio Gallimard), 182 pages 

Nager sans se mouiller, de Carlos Salem


Très sympa ce « Nager sans se mouiller » de Carlos Salem. Deuxième roman de cet écrivain né à Buenos Aires qui vit depuis vingt ans à Madrid, on y découvre une écriture légère mais affirmée, faisant alterner habilement loufoquerie et moments plus introspectifs. Le héros est un tueur à gages obligé d’infiltrer bien contre son gré un camping naturiste pour sa dernière mission. C’est donc dans son plus simple appareil que notre homme va croiser espions et contre-espions, un flic hargneux et une jolie blonde très décomplexée, ou encore sa propre ex-femme qui ne sait rien de sa double vie et qui a eu la bonne idée de venir camper dans le coin avec son nouvel amant. Voilà pour le côté farfelu. Au-delà de ça, il y a  les pensées de l’homme sur sa vie et sa relation avec sa famille : des petites réflexions toujours bien senties qui ne ralentissent en rien une intrigue menée tambour battant. Bref, un polar original et rafraîchissant.   

Nager sans se mouiller (Matar y guardar la ropa), de Carlos Salem, Ed. Actes Sud (et en poche aux Ed. Babel), traduit de l’espagnol par Danielle Schramm, 295 pages   

Atomka, de Franck Thilliez

Franck Thilliez maintient son rythme tendu de parution avec un huitième roman, la suite des aventures de Franck Sharko et Lucie Hennebelle, dans la droite ligne de « Syndrome E » et « Gataca ». Sans doute est-ce pour cela d’ailleurs que je n’ai pas vraiment accroché (en y réfléchissant je me rends d’ailleurs compte que les seuls romans de Thilliez que j’ai aimés sont ceux où ces héros récurrents n’apparaissent pas). Cette fois, il est question de Tchernobyl (comme dans le livre de Choplin dont j’ai parlé récemment, mais alors sous une approche, faut-il le préciser, totalement différente), d’obscures expériences scientifiques… Comme dans « Syndrome E » on voyage beaucoup, entre la France, le Mexique, l’Ukraine, on élabore de grandes théorie sur le mal, la vie, la mort… Thilliez fait dans le grand spectacle sur 600 pages et au final… ne m’impressionne pas. J’attendrai donc son prochain roman, en espérant que ce soit un petit diamant, aussi affûté que l’était « Vertiges ».    

Atomka, de Franck Thilliez, Ed. Fleuve Noir, 600 pages

Harcelée, de Jason Starr


Je continue à avancer dans les romans de Jason Starr. Voici donc son huitième roman, paru en 2007 aux USA, « Harcelée ». Katie est une jeune femme qui a quitté son Massachusetts natal pour tenter l’aventure new-yorkaise. Sauf que tout ne se passe pas comme dans ses rêves. Boulot difficile, solitude, relations amoureuses flottantes… Et puis un jour, tout change. En tombant par hasard sur Peter, une vieille connaissance du Massachusetts, Katie va entrevoir la vie qu’elle a toujours espérée, oubliant sans doute que les contes de fée, ça n’existe pas dans la réalité.  Même s’il se lit sans déplaisir, j’ai été un peu moins emballé qu’à l’habitude par ce roman de Jason Starr. L’écriture est toujours aussi efficace et toute la première moitié est vraiment très bien (en particulier la description de la relation entre Katie et Andy, son premier petit ami totalement immature). Mais sans doute l’intrigue aurait-elle méritée d’être plus resserrée car mon intérêt s’est un peu relâché dans la seconde moitié plus convenue qui se focalise plus sur Peter, le prince charmant qui se trouve être un psychopathe de première. Je suis difficile parce que j’aime beaucoup cet écrivain, mais dans le genre du thriller, ce roman se situe tout de même en haut du panier (bien meilleur par exemple que « Faux Coupable » de John Katzenbach sur une intrigue similaire). 

Harcelée, de Jason Starr, Ed. du Rocher (et en poche aux Ed. Rivages/Noir), traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Marie Ollivier-Caudray, 375 pages

mardi 28 août 2012

Avant la chute, de Fabrice Humbert


Avant la chute, c’est trois histoires. Séparées au départ mais dont on attend évidemment qu’elles se rejoignent vers la fin. Reste à découvrir de quelle manière même si finalement le récit garde toute sa force au delà de ce petit suspense. Il y a Naadir, jeune lycéen brillant d’une banlieue française. Il y a Sonia et Norma, deux jeunes colombiennes qui cherchent à atteindre la frontière des Etats-Unis. Enfin, il y a le sénateur mexicain Urribal, riche homme politique qui sent son influence vaciller dans le jeu dangereux qu’il mène avec les cartels des narco-trafiquants. Très documenté, très prenant aussi, le récit parvient à nous dresser une vision globale des enjeux de notre époque à travers trois destins singuliers. Cela sans doute grâce à l’écriture sobre mais pleine de tension que déploie Fabrice Humbert. L’auteur nous emporte en un seul souffle. Dès les premières lignes, l’engrenage se met en marche et nous entraîne sans répit vers la fin, la chute du titre, qui nous laisse contempler avec amertume un certain gâchis de l’humanité.              

Avant la chute, de Fabrice Humbert, Ed. Le Passage, 276 pages

La Nuit tombée, d'Antoine Choplin


Un homme à bord d’une moto équipée d’une remorque trace la route à travers l’Ukraine. Sa destination : Pripiat, ville fantôme, interdite depuis la catastrophe de Tchernobyl. Il s’y rend pour revoir l’appartement qu’il a été contraint d’abandonner et y récupérer une porte, celle que sa petite fille décédée avait décorée de ses dessins. C’est un roman bref, qui ne cherche jamais le spectaculaire, mais qui sonne très juste. Si Antoine Choplin ne décrit pas en détail la zone interdite, il sait nous la faire ressentir. Notamment lorsqu’il fait parler des survivants. Eux qui n’ont jamais voulu quitter la région parce qu’ici ça reste leur terre et que quitte à mourir, autant le faire chez soi.

La Nuit tombée, d'Antoine Choplin, Ed. La Fosse aux ours, 121 pages

lundi 13 août 2012

Les Apparences, de Gillian Flynn


Après « Sur ma peau » et « Les Lieux sombres », l’Américaine Gillian Flynn remet le couvert avec un thriller très efficace. Le récit fonctionne en voix alternées. D’un côté Nick, l’époux modèle qui apparaît de plus en plus ambigu au fil du récit. De l’autre Amy, sa femme, que l’on apprend à connaître à travers son journal intime, le roman débutant sur la disparition de la jeune femme. Enlèvement, fugue, meurtre ? L’enquête qui va suivre reprend impeccablement la mécanique du thriller avec ce qu’il faut de rebondissements et de suspense. Mais ce qui permet aux « Apparences » de se distinguer du reste de la production, c’est avant tout la façon qu’a Gillian Flynn de joyeusement égratigner les faux semblants du mariage. On s'amuse réellement à voir jusqu'où l'auteur peut pousser la perversité de certains de ses personnages. D’autant qu’elle assumera son jeu jusqu'à la fin, à travers un dénouement merveilleusement cynique.

Dans le même genre :
Plutôt qu’à un livre, le roman ma fait penser à certains films à la mode dans les années 80-90 comme « Liaison Fatale » ou « JF partagerait appartement ».

Les Apparences, de Gillian Flynn (Gone girl, 2012), Ed. Sonatine, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Héloïse Esquié, 400 pages

Vladimir Ilitch contre les uniformes, de Rolo Diez


Ce livre de l’Argentin Rolo Diez me pose problème. Si je n’ai pas envie d’en dire du mal, je n’en ai pour autant pas réellement apprécié la lecture. Il y a des passages formidables, des formules brillantes. Mais je n’ai tout simplement pas saisi l’histoire. La faute sans doute à un récit éclaté qui m’a égaré. Peut-être aurais-je dû reposer le livre, repousser ma lecture à un jour plus propice. Je ne l’ai pas fait, j’ai continué jusqu’au bout et au moment d’écrire ces lignes je me trouve dans l’incapacité de résumer l’intrigue. Restent quelques impressions : la peur et la délation sous la dictature, les actes de rébellion du jeune Vladimir comme autant de bouffées d’air frais, une colère face à la corruption et l’impunité des puissants. Le roman dégage indéniablement une ambiance singulière mais cela ne suffit malheureusement pas à en faire un bon livre.      

Dans le même genre :
A quatre mains, de Paco Ignacio Taibo II

Vladimir Ilitch contre les uniformes, de Rolo Diez (Vladimir Ilitch contra los uniformados, 1989), Ed. Gallimard, traduit de l'espagnol (Argentine) par Alexandra Carrasco, 336 pages

lundi 30 juillet 2012

Glacé, de Bernard Minier

« Glacé » est un thriller efficace, très cinématographique dans sa narration (on pense pas mal à Grangé, d’ailleurs il n’est pas rare que des images des « Rivières pourpres » ou du « Silence des agneaux » nous viennent en tête durant la lecture). Certes, l’intrigue n’est pas novatrice (une série de meurtres frappe une petite ville des Pyrénées. La particularité de cette ville étant qu’elle abrite un asile psychiatrique où sont détenus pas moins que les pires serial killers d’Europe)… mais bon, ça se lit bien, c’est prenant et même si le livre aurait gagné à être un peu plus court, il n’y a pas véritablement de grosses longueurs. Voilà, pas le thriller de l’année, mais une bonne lecture de détente. 

Dans le même genre :
Les Rivières pourpres, de Jean-Christophe Grangé

mercredi 25 juillet 2012

Petits meurtres à Manhattan, de Jason Starr


Encore un polar de Jason Starr, parce que Jason Starr, n’ayons pas peur de trop le rappeler, c’est bien ! « Petits meurtres à Manhattan » (« True Caller ») est son deuxième roman, publié en 2000. Contrairement aux trois autres livres de Starr que j’ai pu lire, l’histoire ne se concentre pas sur un seul personnage mais sur plusieurs, en l’occurrence deux couples qui ont suivi des trajectoires différentes. Leurs points communs : les deux femmes qui sont amies depuis le lycée. Leurs points de dissemblances : les maris. L’un n’a pas de job stable et passe son temps à dilapider ses quelques sous aux courses hippiques, l’autre poursuit une brillante carrière de directeur de marketing. Bien entendu les frottements entre les deux ne se feront pas sans étincelles. Certes, Jason Starr a tendance à toujours écrire un peu le même bouquin, mais il le fait tellement bien qu’on n’a pas envie qu’il change quoi que ce soit. J’aime particulièrement la façon qu’il a de pousser ses personnages à prendre toujours les pires décisions. Un petit humour cruel qu’il cultive jusqu’au dénouement, particulièrement amoral, qui tranche net avec les happy end qu’on a trop tendance à nous servir.

Dans le même genre :
Un autre Jason Starr

vendredi 13 juillet 2012

Simple comme un coup de fil,de Jason Starr


« Simple comme un coup de fil » (Cold caller) est le premier roman de Jason Starr, publié en 1998. L’histoire de Bill Moss, new-yorkais trentenaire, ancien pubeux contraint depuis deux ans de bosser en tant que télé-marketeur dans un centre d’appel où il subit toute sorte de frustrations et d’humiliations. Evidemment, un jour Bill pète un plomb et c’est le début d’une chute vertigineuse. Dès son premier roman, Jason Starr fait preuve d’un incroyable talent pour nous immerger dans la psychose de ses personnages. Il poursuivra dans cette veine avec « Mauvais karma » et « La Ville piège ».

Dans le même genre :
Plender, de Ted Lewis

vendredi 6 juillet 2012

Travail soigné, de Pierre Lemaitre


Premier roman de Pierre Lemaitre, et peut-être son meilleur. On y trouve tous les éléments d’un bon roman policier : un tueur en série particulièrement vicieux, un flic hargneux, un rythme nerveux, du suspense et des rebondissements inattendus. La cerise sur le gâteau : des références à plusieurs polars qui ne peuvent que plairent à un fan du genre. D’ailleurs on n’est pas surpris de voir surgir les noms de James Ellroy et David Peace. Toute proportion gardée, on sent sous la plume de Pierre Lemaitre la même économie de mots, la recherche d’un rythme sec et cadencé des plus efficaces. Un style parfait alors que nombre d’auteurs de thriller ont la fâcheuse tendance à dire en trois pages ce qui pourrait être dit en trois lignes. 

Dans le même genre :
Enquête sur la disparition d’Emilie Brunet, d'Antoine Bello

vendredi 29 juin 2012

Miséricorde, de Chris Alder Olsen


Nouvelle déception avec ce thriller danois qui a reçu le grand prix des lectrices Elle du roman policier. Une femme est enlevée puis séquestrée pendant cinq ans sans voir la lumière du jour. La grande question qui est censée nous tenir en haleine tout du long : séquestrée par qui et pour quelle raison ? Le problème c’est que l’on devine la réponse très rapidement. Alors oui, le duo que forment Carl Mock, policier mis sur la touche, et son assistant doté d’une intuition hors pair, est plutôt sympathique mais ça ne suffit pas pour nous accrocher. C’est dommage car il aurait suffit que l’auteur élude deux trois passages, voire quelques phrases seulement pour éviter de nous mettre la puce à l’oreille trop tôt. Tout ça nous donne un thriller un peu mou et trop attendu.  

Dans le même genre : 
Le Silence des agneaux, de Thomas Harris

dimanche 24 juin 2012

Mr Monster, de Dan Wells

Ce livre est la suite de « Je ne suis pas un serial killer » (que je n’avais pas lu). Le héros est un gamin de 16 ans qui se trouve être un sociopathe et qui tente de faire taire ce Mister Monster tapi au fond de lui pour ne pas virer total serial killer. Dexter version teenager en quelque sorte. Pourquoi pas. Sauf qu'il manque un style dans l’écriture et surtout une intrigue qu’on aimerait un peu plus recherchée. La première partie du livre revient principalement sur les événements du premier opus, la seconde relate les tentatives du héros de s’échapper d’une cave où il est séquestré par une entité démoniaque… Sans intérêt.

Dans le même genre :
Dexter, de Jeff Lindsay

vendredi 22 juin 2012

L’Invisible, de Robert Pobi

Mon dieu que ce livre est long ! Je dois reconnaître que je m’ennuyais tellement au bout des 200 premières pages que j’ai commencé à lire en diagonale, en m’accrochant aux dialogues. L’action ne se déploie véritablement que lors des 100 dernières pages (sur 400). Un peu juste pour ce qui est décrit comme un thriller haletant. Avant ça, tout n’est que bavardage insignifiant au fil d’une intrigue ponctuée de scènes invraisemblables qui frôlent le ridicule (la timbale étant décrochée avec l’enfant autiste qui résout un puzzle insurmontable). On sent que l’auteur à construit son roman autour d’une seule idée (le retournement final, qui n’est même pas à la hauteur des attentes) et qu’il a laborieusement tenté de combler les pages blanches de ce qui aurait pu n’être qu’une nouvelle au lieu d’un roman de 400 pages.

Dans le même genre :
Shutter Island, de Dennis Lehane

jeudi 31 mai 2012

The Blonde, de Duane Swierczynski


Formidable moment de divertissement avec The Blonde, un techno-pulp complètement loufoque qui va à cent à l’heure. L’histoire en deux lignes (sans rentrer dans les détails sinon ça devient compliqué) : une femme contamine par un virus un homme qu’elle croise au hasard. Résultat : celui-ci doit toujours rester à moins de trois mètres d’elle sous peine de littéralement exploser. C’est loufoque, j’avais prévenu. La femme étant poursuivie par un tueur à gage type Terminator, tout s’accélère très rapidement. Duane Swierczynski mène son récit tambour battant et arrive souvent à nous faire sourire. Ca ne se prend pas au sérieux et ça fait du bien.

Dans le même genre :
Crabe, de Marc Behm

jeudi 3 mai 2012

Trash Circus, de Joseph Incardona


Voilà un excellent roman noir, très noir. J’ai aimé le style très prenant et surtout le protagoniste principal, un beau pourri qui accuse quelques ressemblances avec Patrick Bateman. Parce qu’il travaille dans le milieu des paillettes et de l’argent (il produit des émissions de télé-réalité) et parce qu’il est à la fois excité par la violence et parfaitement immoral (il n’hésite pas à forcer un homme qui a besoin d’argent à confronter devant les caméras de télévision le tueur cannibale qui a mangé sa fille…). Incardona nous plonge dans la tête de ce mec monstrueux. C’est cru, ça va vite et ça vous étale comme un bon crochet au coin de la mâchoire.

Dans le même genre : 
American Psycho, de Bret Easton Ellis

vendredi 13 avril 2012

La Ville piège, de Jason Starr


Mais pourquoi Jason Starr n’est-il pas plus connu ? J’ai découvert l’auteur américain avec Mauvais Karma, un excellent bouquin. « La Ville piège » est dans la même lignée et est peut-être encore meilleur. Dans les deux cas, on retrouve un homme avec une vie banale qu’un accident pousse à mettre le doigt dans un engrenage fatal. Dans Mauvais Karma, c’était Richard Segal qui pensait reconnaître un homme qui l’aurait molesté étant petit. Dans La Ville piège, c’est David Miller qui se fait piquer son portefeuille et qui cherche à tout prix à le récupérer car celui-ci contient une photo de sa sœur morte d’un cancer quelques mois plus tôt. Ce qui est fabuleux, c’est la manière très réaliste qu’a Jason Starr de tirer le fil de son récit. Ici pas de super héros, c’est monsieur tout le monde, vous, moi, qui se dépatouille comme il peut d’une situation qui va progressivement le dépasser totalement. Dans ce roman, l’écrivain s’autorise même une petite fantaisie. Elle se situe à la toute dernière page. Elle tient à quelques mots. Et après un récit déjà éprouvant, elle fait l’effet d’une bombe atomique. Accrochez-vous !

Dans le même genre :
L’homme qui voulait enterrer son passé, de Neil Cross

samedi 10 mars 2012

Les Visages écrasés, de Marin Ledun


Pas vraiment accroché à cette histoire de crime mâtinée de critique sociale autour de la violence au sein des entreprises. L’idée de départ est plutôt originale avec une femme médecin dans un centre d’appel qui pète les plombs et tue un employé pour lui éviter définitivement les souffrances qu’il endure chaque jour sur son lieu de travail. Mais ensuite l’hystérie du personnage principal prend le dessus et devient assez pénible. Surtout, j’ai trouvé que l’accumulation de tentatives de suicides, de meurtres et de viols entamait à chaque fois un peu plus le réalisme du récit pour finalement basculer vers la caricature. Il y a indéniablement beaucoup à dire sur le mal-être au travail mais la démonstration m’a semblé ici trop grossière pour être pertinente et convaincante.

Dans le même genre :
Le couperet, de Donald Westlake

jeudi 8 mars 2012

Cette nuit-là, de Linwood Barclay


Un conseil, restez à distance de ce livre. J’ai rarement lu un thriller aussi creux et soporifique. Barclay voudrait lorgner du côté d’Harlan Coben mais ne s’en approche jamais. Je ne suis pas un fan de Coben, ses intrigues sont trop semblables les unes des autres et les procédés pour maintenir le suspense trop mécaniques. Mais la première fois que je l’ai lu, j’avoue avoir été totalement tenu en haleine. Ici, niet. Il ne se passe rien. Les cliffhangers de fin de chapitres sont tous identiques. Tout repose sur le point de départ (une jeune fille fait le mur se rendre à une fête et lorsque qu’elle rentre chez elle le lendemain matin, toute sa famille a disparu), ensuite l’intrigue n’avance plus. Finalement le bouquin se résume pratiquement à son premier et à son dernier chapitre. Entre les deux : du remplissage. A éviter.

Dans le même genre :
Ne le dis à personne, de Harlan Coben