Encore un livre bénéficiant d’une traduction révisée chez
Rivages. Et quel livre ! Une véritable merveille.
Dans le château du titre vivent deux jeunes filles, Mary Catherine
et sa sœur Constance, ainsi que leur oncle handicapé. Ils ne sont plus que
trois depuis que tous les autres membres de la famille sont morts, empoisonnés
au cours d’un macabre repas dont on ne sait que peu de choses. Trois donc, cloîtrés, renfermés sur eux-mêmes,
entretenant leur folie et leur paranoïa face à des villageois des terres
voisines qui démontrent une légère tendance au harcèlement.
Dès les premières lignes, Shirley Jackson nous emporte dans une
atmosphère singulière et angoissante. Singulière parce que l’on baigne constamment
dans les vapeurs oniriques d’un lieu qui tient autant du « Tour d’écrou »
que de « Shining ». Mais aussi parce que l’on nous installe dans la tête d’une
jeune fille étrange, perpétuellement effrayée, qui ne trouve réconfort que par
le biais de quelques rituels superstitieux censés la protéger. Sans oublier l'animosité des
villageois ou encore l’amour dérangeant, passionné, protecteur et sacrificiel, que se vouent les deux soeurs. Tous ces éléments confèrent au récit
une force incroyable et en font un conte noir, gothique et poétique, à lire
absolument.
« Nous avons toujours vécu au château » (We have
always lived in the castle), traduit de l’anglais (USA) par le formidable Jean-Paul
Gratias, Ed. Rivages/noir, 240 pages
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