Après "Des Noeuds d'acier" et "Une semaine en enfer", j'ai continué dans la thématique "promenons-nous dans les bois pendant que le loup y est".
Passons rapidement sur une énorme déception : "La petite fille qui aimait Tom Gordon". Ca faisait une éternité que je n'avais pas lu de Stephen King et j'y allais avec un bon espoir de frisonner. Hélas, rien du tout. Juste un gros, gros ennui.
Une petite fille se perd dans les bois, marche, tombe, mange des baies, se pique deux ou trois frayeurs avec quelques bruits bizarres, s'invente un compagnon imaginaire pour la soutenir, continue de marcher et de tomber.... Voilà, c'est à peu près tout ce que j'aurai retenu... On zappe.
Heureusement, "La Forêt muette" de Pierre Pelot a rattrapé le coup. Là, enfin, une vraie ambiance, qui met mal à l'aise, qui nous angoisse. Deux bûcherons au fond d'une forêt qui se retrouvent face à une jolie jeune fille sortie de nulle part, frêle et sans défense. Hallucination ? Il ne semblerait pas. Alors que faire ? Prévenir les secours ou au contraire s'assurer que personne ne se trouve dans le coin ? Il ne faudra pas longtemps pour que le tension entre les deux bûcherons se mette à monter de quelques crans, jusqu'à l'explosion dans l'horreur. Un bon roman façon série B, effrayant comme il faut avec un beau travail sur la psychologie des personnages.
La Petite fille qui aimait Tom Gordon (The Girl who loved Tom Gordon) traduit de l'anglais (USA) par François Lasquin, Ed. Albin Michel, 330 pages.
La Forêt muette, de Pierre Pelot, Ed. Verticales, 190 pages.
"Life's like a bowl of chili in a strange cafe. Sometimes it's pretty tasty and spicy. Other times, it tastes like shit." - Joe R. Lansdale
lundi 28 janvier 2013
dimanche 20 janvier 2013
Une semaine en enfer, de Matthew F. Jones
Si j’ai beaucoup aimé « Des nœuds d’acier » de
Sandrine Collette, « Une semaine en enfer » de Matthew F. Jones -
publié simultanément dans la même collection Sueurs Froides de Denoël - m’a
laissé de marbre.
Le héros, John Moon, est un américain tendance redneck qui se
retrouve avec un cadavre sur les bras ainsi qu’un beau paquet de fric lorsqu’il
tue une jeune inconnue lors d’un accident de chasse. Bien sûr, il ne faudra pas
attendre longtemps pour que quelqu’un de plutôt mal attentionné se pointe avec
la ferme intention de récupérer le pognon.
Pas accroché donc. Sans doute parce que j’avais l’impression
d’avoir déjà lu et vu ça avant (j’ai pensé notamment à « Un plan simple »
de Sam Raimi) et que l’écriture ne m’a pas particulièrement touché. Je me
demande pourquoi Denoël a choisi précisément ce texte qui date de 1996 pour
inaugurer sa collection. Peut-être que le roman est un classique aux Etats-Unis ?
Ou peut-être est-ce parce qu’une adaptation cinématographique est prévue ?
En tout cas il ne m’aura pas emballé. Dommage.
Une semaine en enfer, (A single shot) de Matthew F. Jones, traduit de l'anglais (USA) par Pascale Haas, Ed. Denoël/Sueurs Froides, 256 pages
jeudi 17 janvier 2013
Des nœuds d’acier, de Sandrine Collette
En commençant « Des Nœuds d’acier », je m’attendais
à un petit thriller horrifique sympa qui me ferait frissonner gentiment, genre
« Vertiges » de Thilliez.
Loupé.
J’ai pas rigolé du tout.
Et je me suis méchamment pris le bouquin en pleine face.
C'est l’histoire d'un gars qui se retrouve séquestré et réduit à
l’esclavage par deux vieillards et c'est juste terrifiant. Il ne se passe pas
grand-chose, il n’y a pas de rebondissements incroyables et à peine quelques
effets de suspense. Pourtant l’auteur, Sandrine Collette, nous tiens et ne nous
lâche pas. Elle nous traîne dans la longue déchéance de cet
homme à qui l’on nie toute humanité, que l’on rabaisse au rang de chien. Le
point de vue sur les deux tortionnaires est lui aussi très bien maîtrisé. Il y
a peu de dialogues mais les quelques rares phrases que ces vieillards
prononcent sont à chaque fois glaçantes.
Un premier roman très noir et très réussi qui relance
brillamment la collection « Sueurs Froides » des éditions Denoël*.
* Créée en 1962 la collection s’était éteinte il y a une
quinzaine d’année. Pour ce redémarrage, six titres (français et étrangers) devraient
être publiés cette année, dont un signé Joe R. Lansdale. Concernant les
ouvrages, par leur prise en main, par le papier mais aussi par l’identité
graphique des couvertures, on pense beaucoup à l’actuelle Série Noire. Je
trouve que c’est réussi et visuellement assez attractif. Bravo donc, et longue
vie à la collection !
Des nœuds d’acier, de Sandrine Collette, Ed. Denoël/Sueurs froides, 265 pages
mercredi 16 janvier 2013
Ravages, de Anne Rambach
Diane Harpmann est journaliste. Lorsqu’elle apprend la mort de
son ami et collègue Dominique André, elle se méfie immédiatement de la thèse avancée
du suicide. Ces derniers mois, André travaillait sur le scandale
politico-industriel de l’amiante. Diane décide alors de reprendre l’enquête
sans se douter que les tueurs de son ami vont bientôt se lancer sur ses traces.
Anne Rambach, l’auteur du livre, est elle aussi journaliste.
On ne s’en étonne pas car si son récit prend la forme d’un polar, façon Erin
Brockovich en un peu plus musclé, il est aussi parfaitement documenté. On
apprend beaucoup de choses sur l’amiante et sur la façon dont les risques qui y
sont liés ont été (mal) gérés. Ne serait-ce que pour cela, l’entreprise est à
saluer.
Une fois cela dit, le roman n’est pas exempt de défauts. Si
j’ai vraiment accroché durant le premier tiers – la partie la plus forte en
suspense -, mon intérêt a commencé à faiblir durant le deuxième tiers plus
démonstratif, pour finalement complètement retomber vers la fin (retour à
l’action pure et dure) avec un dénouement parachuté et pas à la hauteur de ce
qu’on pouvait espérer.
Bref, c’est un roman bourré de bonnes intentions : sérieux
dans son exécution, original par son thème et démontrant une envie évidente de
ne pas ennuyer. Alors même si pour moi ce n’est qu’à moitié réussi, j’ai quand
même plutôt envie de recommander le livre.
Ravages, de Anne Rambach, Ed. Rivages/Thriller, 400 pages
lundi 14 janvier 2013
Un notaire peu ordinaire, d'Yves Ravey
« Madame Rebernak ne veut pas recevoir son cousin
Freddy à sa sortie de prison. Elle craint qu’il ne s’en prenne à sa fille
Clémence. C’est pourquoi elle décide d’en parler à maître Montussaint, le
notaire qui lui a déjà rendu bien des services. »
Voilà un livre que Chabrol n’aurait sans doute pas rechigné à adapter en film. Un récit bref (tout juste 100 pages) mais hyper tendu. En quelques mots précisément choisis, Yves
Ravey évoque les clivages sociaux qui règnent dans cette petite ville de
province. Il y a Freddy l’ex-taulard, la brave Madame Rebernak dont on parle avec commisération depuis qu'elle a perdu son mari (et qu'elle a de fait régressé socialement) et tout en haut de l'échelle la figure respectable et intouchable du notaire. Chacun dans un rapport de domination ou de soumission par rapport aux autres.
En quelques phrases
bien placées, Yves Ravey entretient son suspense, suscite la curiosité du lecteur. Même
le titre nous interroge. Parce qu’il met du temps à apparaître ce fameux
notaire, et on aimerait bien savoir ce qu’il a de si peu ordinaire.
Mais il n’y a pas que ça. Non seulement Yves Ravey nous
plonge parfaitement dans une certaine réalité sociale. Non seulement il parvient à jouer avec nos nerfs. Mais il réussit aussi à dessiner en creux un formidable
portrait de femme, de ceux qu’on n’oubliera pas de si tôt. Une réussite.
Un notaire peu ordinaire, d'Yves Ravey, Ed. de Minuit, 100 pages
vendredi 11 janvier 2013
Une Fille, qui danse, de Julian Barnes
Avec son précédent roman, Julian Barnes s’était aventuré aux
abords du polar. Un « Arthur & George » assez plaisant où Sir
Arthur Conan Doyle se prenait pour Sherlock Holmes. On retrouve cette fois
l’auteur britannique dans son costume plus habituel d’écrivain moraliste même
si « Une Fille, qui danse » n’est pas exempt de suspense avec des
révélations qui apparaîtront jusque dans les dernières pages.
La première moitié du livre qui se déroule dans les années
60 est du Barnes pur jus. On y suit un groupe d’ados, dont le narrateur Tony et
son ami, le brillant Adrian. Au centre : Veronica, qui passera des bras du
premier à ceux du second. Cette période exaltée pleine de jeunesse arrogante et
d’insouciance s’achèvera avec le suicide inexpliqué d’Adrian.
Pour la seconde partie du roman, on effectue un bond dans le
temps de 40 ans. Le narrateur est un homme âgé, plutôt serein par rapport à sa
vie, et surtout avec l’impression d’en avoir une pleine compréhension
rétrospective. Sauf qu’un jour surgit le journal intime de son ami de lycée
disparu, Adrian. Et tout ce que Tony pensait si bien maîtriser, commence alors
à s’effriter avant de totalement s’effondrer.
Julian Barnes aura eu raison de prendre son temps (6 ans)
pour écrire son nouveau roman. Celui-ci est bref mais très précis. La première
partie en apparence assez légère, révèlera notamment lors d’une deuxième
lecture beaucoup d’éléments qui annonceront le final tragique (les énumérations
de la première page mais aussi le cours d’Histoire sur l’origine de la Première
Guerre Mondiale, la mention d’Eros et Thanatos ou de la subjectivité de
l’historien…). Même si je n’ai pas été bouleversé comme j’ai pu l’être par
exemple avec certains bouquins de Philip Roth, le livre de Julian Barnes
soulève plusieurs questions intéressantes autour des notions de culpabilité, de
la responsabilité de nos actes mais aussi de nos paroles et de leur
incarnation. Bref, il y a matière à réflexion et c’est déjà pas mal.
Une Fille, qui danse (The sense of an ending), de Julian
Barnes, traduit de l’anglais par Jean-Pierre Aoustin, Ed. Mercure de
France, 200 pages
mercredi 9 janvier 2013
L’Etrange destin de Katherine Carr, de Thomas H. Cook
J’ai commencé ce nouveau roman de Thomas H. Cook avec une petite
appréhension. De l’auteur, j’avais adoré « Les Ombres du passé » et
beaucoup aimé « Les Feuilles mortes ». Par contre, mon dernier en
date, « Les Leçons du mal » m’avait pas mal déçu. Je trouvais en
particulier que l’auteur commençait à se répéter. J’étais donc d’autant plus méfiant
lorsque je remarquai que « L’Etrange destin de Katherine Carr » était
une nouvelle fois (comme les trois précédents, donc) construit sur un système de flash-back
et de récit dans le récit.
Et puis une fois l’histoire commencée, toutes mes craintes se sont envolées.
Katherine Carr est une femme qui a mystérieusement disparue en laissant derrière elle un manuscrit. 20 ans plus tard un flic à la retraite mènera l’enquête tout en tentant de distinguer au fil du texte la fiction de la réalité.
Thomas H. Cook est vraiment très doué pour nous raconter des
histoires. L’atmosphère envoûtante et gothique est bien tenue tout le long du
récit. Je regrette un peu la pointe de fantastique qu’y ajoute l'auteur,
pas nécessaire à mon sens, mais qui s’occulte aisément. J’aime par contre beaucoup
les quelques pointes très noires qui percent régulièrement le récit, notamment quand le
narrateur parle de son fils disparu, des visions qui découlent de son
enlèvement, des sévices probables qu’il a subis. Ce sont dans ces terribles moments
que l’on voit que si Thomas H. Cook continue d’utiliser les mêmes structures de
récit, il n’a pas fini d’explorer son thème de prédilection – le mal – et qu’il
a encore beaucoup de choses intéressantes, et émouvantes, à nous dire.
L’Etrange destin de Katherine Carr (The Fate of KatherineCarr), de Thomas H. Cook,
traduit de l’anglais (USA) parPhilippe Loubat-Delranc, Ed. Seuil policier, 300 pages
Le Criminel, de Jim Thompson
Bon, il fallait bien s’en douter, à enchaîner deux Jim Thompson
excellents, je risquais gros en en entamant un troisième. Alors, c'est vrai, « Le
Criminel » n’est pas aussi marquant que « L’Assassin
qui est en moi » mais c'est tout de même un sacré bon bouquin.
L’histoire s’articule autour d’un fait divers. Un garçon qui
aurait violé puis étranglé une jeune fille. L’intérêt n’est pas de savoir si l’accusé
est coupable ou non, on ne le saura d’ailleurs pas à la fin. Jim Thompson s’intéresse
plutôt à tout ce qui gravite autour de l’affaire en donnant la parole aux
acteurs secondaires : famille de l’inculpé, avocats, médias, flics,
habitants anonymes qui constituent l’opinion publique… On comprend vite que l’innocence
ou la culpabilité du jeune homme ne dépend plus de la simple objectivité des
faits, mais répond à une équation complexe dont l’ensemble des variables s’influencent
les unes par rapport aux autres.
Alors, peut-être que le gamin est coupable,
peut-être ne l’est-il pas. Ce qui est sûr, c’est que personne n’est innocent. Qu’ils
agissent par cupidité ou par ambition, par lâcheté, par méchanceté ou par
ignorance, tous joueront sans le savoir un rôle dans cette mécanique absurde.
Tous auront leurs propres motivations. A part sans doute celle qui compte
vraiment : la recherche de justice.
Le Criminel (The Criminal), de Jim Thompson, traduit de l’anglais
(USA) par Jean-Paul Gratias, Ed. Fayard noir et poche Rivages/noir, 190 pages
vendredi 4 janvier 2013
Best of 2012
Parmi les titres sortis en 2012, voici les 8 que je retiendrai et que je conseillerai sans hésitation :
En dehors des nouveautés 2012, voici quelques autres romans - lus cette année mais sortis pour certains il y a bien longtemps - dont la lecture m'a particulièrement marqué :
1/ Kaputt, Malaparte - 2/ Les Amours interdites, Yukio Mishima - 3/ La Désobéissance, Alberto Moravia - 4/ Le Désert des tartares, Dino Buzzati - 5/ Construire un feu, Jack London - 6/ La Ville piège, Jason Starr - 7/ Gagner la guerre, Jean-Philippe Jaworski - 8/ La Porte, Magda Szabo - 9/ Carnet de la maison morte, Dostoïevski - 10/ Le Carcan - Bill Pronzini
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