Avec son précédent roman, Julian Barnes s’était aventuré aux
abords du polar. Un « Arthur & George » assez plaisant où Sir
Arthur Conan Doyle se prenait pour Sherlock Holmes. On retrouve cette fois
l’auteur britannique dans son costume plus habituel d’écrivain moraliste même
si « Une Fille, qui danse » n’est pas exempt de suspense avec des
révélations qui apparaîtront jusque dans les dernières pages.
La première moitié du livre qui se déroule dans les années
60 est du Barnes pur jus. On y suit un groupe d’ados, dont le narrateur Tony et
son ami, le brillant Adrian. Au centre : Veronica, qui passera des bras du
premier à ceux du second. Cette période exaltée pleine de jeunesse arrogante et
d’insouciance s’achèvera avec le suicide inexpliqué d’Adrian.
Pour la seconde partie du roman, on effectue un bond dans le
temps de 40 ans. Le narrateur est un homme âgé, plutôt serein par rapport à sa
vie, et surtout avec l’impression d’en avoir une pleine compréhension
rétrospective. Sauf qu’un jour surgit le journal intime de son ami de lycée
disparu, Adrian. Et tout ce que Tony pensait si bien maîtriser, commence alors
à s’effriter avant de totalement s’effondrer.
Julian Barnes aura eu raison de prendre son temps (6 ans)
pour écrire son nouveau roman. Celui-ci est bref mais très précis. La première
partie en apparence assez légère, révèlera notamment lors d’une deuxième
lecture beaucoup d’éléments qui annonceront le final tragique (les énumérations
de la première page mais aussi le cours d’Histoire sur l’origine de la Première
Guerre Mondiale, la mention d’Eros et Thanatos ou de la subjectivité de
l’historien…). Même si je n’ai pas été bouleversé comme j’ai pu l’être par
exemple avec certains bouquins de Philip Roth, le livre de Julian Barnes
soulève plusieurs questions intéressantes autour des notions de culpabilité, de
la responsabilité de nos actes mais aussi de nos paroles et de leur
incarnation. Bref, il y a matière à réflexion et c’est déjà pas mal.
Une Fille, qui danse (The sense of an ending), de Julian
Barnes, traduit de l’anglais par Jean-Pierre Aoustin, Ed. Mercure de
France, 200 pages
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