Stéphane Michaka est l’auteur d’un polar, la Fille de Carnegie,
qu’il avait adapté d’une de ses pièces de théâtre. On le retrouve cette fois
avec un roman qui s’attarde sur Raymond Carver et plus particulièrement des
relations très particulières qu’il entretenait avec son éditeur.
Ciseaux, c’est le surnom que l’on prête dans la profession à
Gordon Lish, éditeur d’une revue littéraire de bonne renommée. Peu d’auteurs
trouvent grâce à ses yeux, mais lorsqu’il reçoit le premier manuscrit d’un
certain Raymond Carver, il lui reconnaît du talent… ce qui ne l’empêche pas de
couper et de réécrire les trois quarts du texte. Il fera de même avec toutes
les nouvelles suivantes. En face, on observe un Carver tiraillé entre l’envie d’être
publié et l’humiliation de ne pas voir son travail accepter tel quel. Michaka
parvient très bien à nous balader d’un côté à un autre, avec un Lish, brutal
certes, mais qui semble révéler Carver à lui-même et face à lui un écrivain en
proie au doute, qui n’a jamais voulu être minimaliste, et qui questionne à la fois
son talent, son intégrité et son envie de reconnaissance.
Le récit est vif et passionant. Je regrette juste qu’à trois
reprises Michaka intègre des nouvelles supposément écrites par Carver. Elles
sont censées refléter l’état d’esprit de Carver à certains points charnière de
sa vie, mais le changement de rythme et de style a plus perturbé ma lecture qu’autre
chose.
Ciseaux, de Stéphane Michaka, Ed. Fayard, 270 pages
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