mardi 18 décembre 2012

Nous avons toujours vécu au château, de Shirley Jackson


Encore un livre bénéficiant d’une traduction révisée chez Rivages. Et quel livre ! Une véritable merveille.

Dans le château du titre vivent deux jeunes filles, Mary Catherine et sa sœur Constance, ainsi que leur oncle handicapé. Ils ne sont plus que trois depuis que tous les autres membres de la famille sont morts,  empoisonnés au cours d’un macabre repas dont on ne sait que peu de choses. Trois donc, cloîtrés, renfermés sur eux-mêmes, entretenant leur folie et leur paranoïa face à des villageois des terres voisines qui démontrent une légère tendance au harcèlement.

Dès les premières lignes, Shirley Jackson nous emporte dans une atmosphère singulière et angoissante. Singulière parce que l’on baigne constamment dans les vapeurs oniriques d’un lieu qui tient autant du « Tour d’écrou » que de « Shining ». Mais aussi parce que l’on nous installe dans la tête d’une jeune fille étrange, perpétuellement effrayée, qui ne trouve réconfort que par le biais de quelques rituels superstitieux censés la protéger. Sans oublier l'animosité des villageois ou encore l’amour dérangeant, passionné, protecteur et sacrificiel, que se vouent les deux soeurs. Tous ces éléments confèrent au récit une force incroyable et en font un conte noir, gothique et poétique, à lire absolument.  

« Nous avons toujours vécu au château » (We have always lived in the castle), traduit de l’anglais (USA) par le formidable Jean-Paul Gratias, Ed. Rivages/noir, 240 pages

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