dimanche 28 avril 2013

Vanity Game, de H. J. Hampson

Une star du football tue sa femme top model. Celle-ci revient d'entre les morts. Sauf que ce n'est pas vraiment elle mais une pauvre fille qui a subi chirurgie esthétique et cours de diction pour lui ressembler. Apparemment c'est du très bon boulot parce que tout le monde se laisse berner. Sauf le lecteur.

Pas grand chose à dire. Du thriller pas vraiment haletant, ni même rigolo. Allez hop, on oublie tout ! D'ailleurs, quelques jours après la fin de ma lecture, je ne me souviens déjà plus de rien.

Vanity Game, de H. J. Hampson, traduit de l'anglais par Fanchita Gonzalez Batlle, éd. Liana Lévi, 288 pages. 

mercredi 17 avril 2013

L’évasion, de Dominique Manotti


Cela ne surprendra personne : le nouveau Manotti est génial.
Ce n’est pas pour autant que le livre, lui, n’est pas surprenant.

La précision documentaire, l’exploration d’un fait historique et d’un microcosme (ici les émigrés politiques italiens en France et le milieu littéraire des années 80), le style vif, cadencé et hyper efficace, la virtuosité dans l’alternance des modes de narration… Tout cela, on connaissait déjà et c’est de nouveau parfaitement réussi.

Par contre, l'auteur a visiblement expérimenté quelque chose de nouveau dans son écriture. J’ai vraiment eu l’impression de découvrir une nouvelle Manotti dans sa façon de faire vivre son personnage principal, Filippo Zuliani, réfugié politique, aspirant écrivain, amoureux introverti et mythomane romantique. Manotti - qui a généralement tendance à resserrer au maximum ses intrigues - se permet ici de lâcher régulièrement du mou sur l’aspect policier pour s’attarder sur ce personnage, l’approcher sous plusieurs angles et lui donner du relief. Mille fois bravo pour ce portrait fascinant. 

Enfin, merci à Manotti de nous avoir épargné les habituelles et lourdingues mises en abîmes et autres réflexions fumeuses sur la littérature trop souvent présentes dès lors qu’un écrivain est le héros d’un bouquin (Joël Dicker, si tu nous entends…).

L’évasion, de Dominique Manotti, ed. Série Noire/Gallimard, 210 pages, 2013

vendredi 12 avril 2013

Crise de panique, de Jason Starr


« Harcelée » avait été le premier livre de Jason Starr à me décevoir. « Crise de panique » est le second. Zut.

En pleine nuit, le Dr Adam Bloom surprend deux cambrioleurs chez lui. Se sentant en danger et pour protéger sa femme et sa fille, Adam sort son flingue et tue l’un des intrus pendant que l’autre s’échappe. Dès le lendemain, tout dérape. Emballement médiatique, suspicion des flics, famille qui implose… 
Toute cette première partie est plutôt efficace et prometteuse. Mais le roman prend vite une autre tournure lorsque le deuxième cambrioleur décide de revenir se venger. Et là on tombe dans une redite de « Harcelée » assez peu vraisemblable (avec notamment le psychopathe qui vient séduire la fille de la famille pour s’infiltrer au sein de celle-ci). Il y a aussi pas mal de longueurs. Souvent une même scène est revue sous le point de vue d’un personnage différent. Le problème c’est que soit on n’apprend rien de nouveau, soit l’auteur ne fait qu’expliciter des choses sous-entendues et déjà bien comprises.

« Harcelée » (2007) et « Crise de panique » (2009) font partie des derniers romans écrits par Jason Starr. Clairement, ils ne sont pas du même niveau que ceux de la période des débuts (1998-2004, voir la liste dans mon billet sur "Loser") avec une orientation plus thriller et grand public. Perso, j’aime moins. J’espère que ce sont juste des écarts et non un tournant définitif.

Crise de panique, de Jason Starr, traduit de l’anglais (USA) par Marie Ollivier-Caudray, Ed. Outside, 375 pages.

mercredi 10 avril 2013

Diable rouge, de Joe R. Lansdale


Bonne nouvelle : Hap et Leonard sont de retour !

Joe Lansdale rameute ses deux compères texans pour une nouvelle histoire pleine de grosses bastons qui tâchent et d’humour décapant. Depuis le temps (c’est leur septième aventure traduite en français) l’auteur tient bien en main ses deux héros et on ressent tout le plaisir qu’il a à les mettre en scène. 
La preuve par l’exemple avec un petit dialogue pas piqué des hannetons :

-         Bon sang, c’est quoi, ça ? demandais-je.
-         C’est un tapabord.
-         Un tapabord ?
-         Tu sais bien, la casquette de chasse de Sherlock Holmes, dans les films.
-         Oui, je sais, mais qu’est-ce que tu fous avec ça ?
-         Je le porte.
-         Et moi, je dois me coiffer d’un chapeau melon, me balader avec un parapluie et me faire appeler Watson ?
-         Tu serais d’accord ?
-         Mais où t’as trouvé ça ?
-         Je l’ai acheté à Halloween pour aller à une fête.
-         Tu t’es déguisé en Sherlock Holmes pour Halloween ?
-         Je ne fais pas ça souvent, répondit Leonard. John s’était travesti en Watson.
-         Mais alors, pourquoi tu ressors ça maintenant ? Halloween est passé depuis longtemps.
-         On est sur une affaire. La traque est lancée.
-         Leonard, tu ne vas pas te promener avec ce chapeau débile.
-         Et pourquoi pas ?
-         Parce qu’on te remarquera comme une bite en érection dans un couvent de bonnes sœurs.
Leonard se détourna et fixa le pare brise.
-         Tu vas me tirer la gueule, maintenant ?
Il ne répondit pas.
-         Je sais bien que tu craques pour les chapeaux, Leonard, mais t’as pas la tête pour ça… Bon, d’accord, tu peux le garder dans la voiture. T’as pigé ?
Leonard mis sa ceinture de sécurité, posa ses mains sur ses genoux et regarda droit devant lui.
-         En dehors de la voiture, si tu sors avec cette horreur, je risque d’être obligé de te flinguer.

Diable rouge, de Joe R. Lansdale, traduit de l’anglais (USA) par Bertranc Blanc, Ed. Denoël Sueurs froides, 320 pages

mardi 9 avril 2013

Carmen (Nevada), d'Alan Watt


Quelque part entre « Virgin Suicides » et « Elephant » de Gus Van Sant, ce beau livre d’Alan Watt nous plonge dans le mal-être d’un ado. Neil Garvin ne sait plus qui il est, ni ce qu’il veut ou ce qu’il doit faire. Un père abusif, une mère absente, l’âge adulte qui approche trop rapidement… Et puis cet accident, au volant de sa voiture, alors qu’il avait trop bu. Un garçon est percuté. Neil cache le corps. La culpabilité s’installe et le mal-être tourne alors au violent désespoir.
Le livre m’a beaucoup fait penser au roman « Les âmes perdues » de Michael Collins. Intrigue proche, même façon de naviguer aux lisières du polar, de décrire la vie provinciale américaine, et surtout de nous faire ressentir les désarrois de l’adolescence. Dans le même genre il y a aussi « Rêves de garçons » de Laura Kasischke. On pourrait en citer d’autres. Et c’est peut-être le seul petit reproche que je ferais au bouquin qui, même s’il est fort bien réalisé, m’a semblé un poil déjà-vu. Il n’empêche, c’est une bonne nouvelle de lui voir offrir une nouvelle vie avec ce passage au poche, 10 ans après sa publication dans feu La Noire de Gallimard.

Carmen (Nevada), d'Alan Watt, traduit de l'anglais (USA) par Laetitia Devaux, Ed. Le Masque, 350 pages

vendredi 5 avril 2013

Du polar, de François Guérif

Un livre passionnant et qui se dévore. Ce n'est pas un polar, c'est "Du polar", recueil d'entretiens entre Philippe Blanchet et le Monsieur polar de chez Rivages, François Guérif. On y parle James Ellroy et David Peace pour citer d'abord mes deux préférés, mais de bien d'autres auteurs encore : Thompson, Manchette, Goodis, Westlake.... C'est bourré d'anecdotes, de réflexions sur le genre, de considérations historiques passionnantes... tout ça avec une intégrité et une conviction pour défendre une vraie littérature enfin prise au sérieux. Bref, des propos exaltants à lire sans faute.

Du polar, de François Guérif et Philippe Blanchet, Ed. Manuels Payot, 300 pages, 20 €