mardi 28 août 2012

Avant la chute, de Fabrice Humbert


Avant la chute, c’est trois histoires. Séparées au départ mais dont on attend évidemment qu’elles se rejoignent vers la fin. Reste à découvrir de quelle manière même si finalement le récit garde toute sa force au delà de ce petit suspense. Il y a Naadir, jeune lycéen brillant d’une banlieue française. Il y a Sonia et Norma, deux jeunes colombiennes qui cherchent à atteindre la frontière des Etats-Unis. Enfin, il y a le sénateur mexicain Urribal, riche homme politique qui sent son influence vaciller dans le jeu dangereux qu’il mène avec les cartels des narco-trafiquants. Très documenté, très prenant aussi, le récit parvient à nous dresser une vision globale des enjeux de notre époque à travers trois destins singuliers. Cela sans doute grâce à l’écriture sobre mais pleine de tension que déploie Fabrice Humbert. L’auteur nous emporte en un seul souffle. Dès les premières lignes, l’engrenage se met en marche et nous entraîne sans répit vers la fin, la chute du titre, qui nous laisse contempler avec amertume un certain gâchis de l’humanité.              

Avant la chute, de Fabrice Humbert, Ed. Le Passage, 276 pages

La Nuit tombée, d'Antoine Choplin


Un homme à bord d’une moto équipée d’une remorque trace la route à travers l’Ukraine. Sa destination : Pripiat, ville fantôme, interdite depuis la catastrophe de Tchernobyl. Il s’y rend pour revoir l’appartement qu’il a été contraint d’abandonner et y récupérer une porte, celle que sa petite fille décédée avait décorée de ses dessins. C’est un roman bref, qui ne cherche jamais le spectaculaire, mais qui sonne très juste. Si Antoine Choplin ne décrit pas en détail la zone interdite, il sait nous la faire ressentir. Notamment lorsqu’il fait parler des survivants. Eux qui n’ont jamais voulu quitter la région parce qu’ici ça reste leur terre et que quitte à mourir, autant le faire chez soi.

La Nuit tombée, d'Antoine Choplin, Ed. La Fosse aux ours, 121 pages

lundi 13 août 2012

Les Apparences, de Gillian Flynn


Après « Sur ma peau » et « Les Lieux sombres », l’Américaine Gillian Flynn remet le couvert avec un thriller très efficace. Le récit fonctionne en voix alternées. D’un côté Nick, l’époux modèle qui apparaît de plus en plus ambigu au fil du récit. De l’autre Amy, sa femme, que l’on apprend à connaître à travers son journal intime, le roman débutant sur la disparition de la jeune femme. Enlèvement, fugue, meurtre ? L’enquête qui va suivre reprend impeccablement la mécanique du thriller avec ce qu’il faut de rebondissements et de suspense. Mais ce qui permet aux « Apparences » de se distinguer du reste de la production, c’est avant tout la façon qu’a Gillian Flynn de joyeusement égratigner les faux semblants du mariage. On s'amuse réellement à voir jusqu'où l'auteur peut pousser la perversité de certains de ses personnages. D’autant qu’elle assumera son jeu jusqu'à la fin, à travers un dénouement merveilleusement cynique.

Dans le même genre :
Plutôt qu’à un livre, le roman ma fait penser à certains films à la mode dans les années 80-90 comme « Liaison Fatale » ou « JF partagerait appartement ».

Les Apparences, de Gillian Flynn (Gone girl, 2012), Ed. Sonatine, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Héloïse Esquié, 400 pages

Vladimir Ilitch contre les uniformes, de Rolo Diez


Ce livre de l’Argentin Rolo Diez me pose problème. Si je n’ai pas envie d’en dire du mal, je n’en ai pour autant pas réellement apprécié la lecture. Il y a des passages formidables, des formules brillantes. Mais je n’ai tout simplement pas saisi l’histoire. La faute sans doute à un récit éclaté qui m’a égaré. Peut-être aurais-je dû reposer le livre, repousser ma lecture à un jour plus propice. Je ne l’ai pas fait, j’ai continué jusqu’au bout et au moment d’écrire ces lignes je me trouve dans l’incapacité de résumer l’intrigue. Restent quelques impressions : la peur et la délation sous la dictature, les actes de rébellion du jeune Vladimir comme autant de bouffées d’air frais, une colère face à la corruption et l’impunité des puissants. Le roman dégage indéniablement une ambiance singulière mais cela ne suffit malheureusement pas à en faire un bon livre.      

Dans le même genre :
A quatre mains, de Paco Ignacio Taibo II

Vladimir Ilitch contre les uniformes, de Rolo Diez (Vladimir Ilitch contra los uniformados, 1989), Ed. Gallimard, traduit de l'espagnol (Argentine) par Alexandra Carrasco, 336 pages