mercredi 17 avril 2013

L’évasion, de Dominique Manotti


Cela ne surprendra personne : le nouveau Manotti est génial.
Ce n’est pas pour autant que le livre, lui, n’est pas surprenant.

La précision documentaire, l’exploration d’un fait historique et d’un microcosme (ici les émigrés politiques italiens en France et le milieu littéraire des années 80), le style vif, cadencé et hyper efficace, la virtuosité dans l’alternance des modes de narration… Tout cela, on connaissait déjà et c’est de nouveau parfaitement réussi.

Par contre, l'auteur a visiblement expérimenté quelque chose de nouveau dans son écriture. J’ai vraiment eu l’impression de découvrir une nouvelle Manotti dans sa façon de faire vivre son personnage principal, Filippo Zuliani, réfugié politique, aspirant écrivain, amoureux introverti et mythomane romantique. Manotti - qui a généralement tendance à resserrer au maximum ses intrigues - se permet ici de lâcher régulièrement du mou sur l’aspect policier pour s’attarder sur ce personnage, l’approcher sous plusieurs angles et lui donner du relief. Mille fois bravo pour ce portrait fascinant. 

Enfin, merci à Manotti de nous avoir épargné les habituelles et lourdingues mises en abîmes et autres réflexions fumeuses sur la littérature trop souvent présentes dès lors qu’un écrivain est le héros d’un bouquin (Joël Dicker, si tu nous entends…).

L’évasion, de Dominique Manotti, ed. Série Noire/Gallimard, 210 pages, 2013

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