Cela ne surprendra personne : le nouveau Manotti est
génial.
Ce n’est pas pour autant que le livre, lui, n’est pas
surprenant.
La précision documentaire, l’exploration d’un fait historique
et d’un microcosme (ici les émigrés politiques italiens en France et le milieu
littéraire des années 80), le style vif, cadencé et hyper efficace, la virtuosité
dans l’alternance des modes de narration… Tout cela, on connaissait déjà et c’est
de nouveau parfaitement réussi.
Par contre, l'auteur a visiblement expérimenté quelque
chose de nouveau dans son écriture. J’ai vraiment eu l’impression de découvrir
une nouvelle Manotti dans sa façon de faire vivre son personnage principal, Filippo
Zuliani, réfugié politique, aspirant écrivain, amoureux introverti et mythomane
romantique. Manotti - qui a généralement tendance à resserrer au maximum ses
intrigues - se permet ici de lâcher régulièrement du mou sur l’aspect policier
pour s’attarder sur ce personnage, l’approcher sous plusieurs angles et lui donner du relief. Mille fois bravo pour ce portrait fascinant.
Enfin, merci à Manotti de nous avoir épargné les
habituelles et lourdingues mises en abîmes et autres réflexions fumeuses sur la
littérature trop souvent présentes dès lors qu’un écrivain est le héros d’un
bouquin (Joël Dicker, si tu nous entends…).
L’évasion, de Dominique Manotti, ed. Série Noire/Gallimard,
210 pages, 2013
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