Cela faisait presque dix ans que Bill Pronzini n’avait pas
été traduit en français (le dernier était « La mort sans peine, publié
chez L’écailler du sud en 2005). Et encore, entre 1996 et 2005, seuls quatre de ses
romans ont paru en France. Surprenant lorsque l’on sait que l’écrivain
américain a fait les beaux jours de la Série Noire dans les années 70 et 80
avec parfois plusieurs titres publiés au cours d’une même année. L’auteur a
disparu petit à petit de nos librairies alors qu’il continue aujourd’hui encore
d’écrire régulièrement aux USA.
Bravo donc aux éditions Denoël et à Frédéric Brument de lui
donner une nouvelle chance. D’autant que ce Mademoiselle Solitude (Blue
Lonesome en VO, sorti en 1995) est un très beau roman. Un roman policier
classique, solide, de ceux qui vous emportent sans peine et sans artifice.
Cette fois ce n’est pas le détective récurrent
« Nameless » (que l’on a pu voir notamment dans « LeCarcan ») qui est le héros, mais un dénommé Jim Messenger. Celui-ci
aperçoit chaque jour à l’heure du déjeuner une jeune femme qui exerce sur lui
une étrange fascination. Et puis un jour la jeune femme disparaît. Sans bien
comprendre pourquoi, Messenger recherche sa trace pour se rendre compte que la
mystérieuse étrangère s’est donnée la mort. Commence alors une enquête qui le
mènera dans la ville natale de cette « Mademoiselle Solitude », un
bled paumé dans le désert du Nevada, un bled où les étrangers ne sont pas les
bienvenus et qui recèle pas mal de secrets.
Tous ceux qui aiment Thomas H. Cook devraient se jeter sur
ce roman. Ils y retrouveront le même charme, les mêmes ambiances. Jim Messenger
est un héros extrêmement attachant que l’on a plaisir à voir évoluer et se
transformer au fil de sa quête de la vérité. Il y aussi du suspense, une vraie
enquête et quelques bagarres. Le tout parfaitement orchestré par un vrai grand
auteur : Bill Pronzini.
Mademoiselle Solitude (Blue Lonesome), traduit de l’anglais
(USA) par Frédéric Brument ; Ed. Denoël / Sueurs froides